Fi Group

? Melthide SINAMA

? Consultante CIR/CII

?‍? Docteur en Science de l’Environnement – Ecologie

Melthide SINAMA, Consultante chez F.initiatives et Docteur en Science de l’Environnement – Ecologie, nous parle de son parcours. Découvrez-le dès maintenant.

Peux-tu nous présenter ton parcours ?

J’ai commencé par faire un bac scientifique, puis deux ans de Licence en Biologie-Géologie sur l’île de la Réunion. J’ai ensuite continué mes études à Marseille en Licence Biologie des Organismes et des Populations, puis en Master en Biodiversité et Ecologie continentale. Dans le cadre de cette dernière année d’études, j’ai fait un stage de recherche en écologie moléculaire qui s‘est tellement bien passé qu’on m’a proposé de continuer sur le même sujet dans le cadre d’une thèse.

J’ai donc débuté mon doctorat sur l’hybridation des poissons d’eau douce et leur influence environnementale. Cette thèse a été financée par la région PACA (je n’ai donc eu aucun lien avec une entreprise privée).

Pendant ces quatre années, j’ai réalisé que la recherche fondamentale n’était pas faite pour moi. J’avais l’impression de ne rien apporter au travers de mes recherches, c’était intéressant, mais pas assez concret à mon goût. C’est pour cette raison qu’après avoir soutenu ma thèse avec succès en 2013, j’ai cherché un emploi dans le privé.

Après la thèse

N’ayant pas une vision claire de mes compétences à ce moment précis, j’ai postulé à diverses offres (Ingénieur Commercial sur la vente de matériel de laboratoire, Rédactrice Scientifique ou encore Technicienne de laboratoire). À la suite de ces candidatures, j’ai débuté ma carrière comme Rédactrice Scientifique pour un cabinet de conseil en CIR.

En 2016, en parallèle de mon emploi, je suis retournée à l’Institut du Droit et des Affaire à Aix-en-Provence pour passer un diplôme d’Etudes Supérieures Universitaires en Innovation Recherche et Brevets afin d’acquérir des compétences dans le domaine de la propriété intellectuelle que j’ai obtenu en 2017.  Ayant fait le tour de mon poste au cabinet, et ayant la volonté de travailler dans ma région d’origine, j’ai décidé de quitter mon emploi et de rentrer à La Réunion.

Peu de temps après mon retour, j’ai été contactée sur LinkedIn pour un remplacement de congé maternité chez F.initiatives comme Consultante en Financement de l’Innovation, je ne suis jamais partie depuis.

De quelle manière s’est construit ton projet doctoral ?

Initialement, je voulais faire un master recherche, une thèse, puis passer le concours d’Enseignant-Chercheur. M’étant peu renseignée sur les débouchés, une fois ma thèse débutée, j’ai rapidement découvert les difficultés concernant l’insertion professionnelle post-doctorat. Je n’avais pas envie d’attendre plusieurs années avant d’avoir un poste, surtout dans mon domaine qui est très spécifique, et donc avec peu d’ouvertures de postes. Ce n’était pas un parcours impossible, mais après la soutenance, je n’avais plus la motivation que j’avais en début de thèse. C’est pour cela que je me suis tournée vers le privé.

Qu’est-ce que le doctorat t’apporte dans tes fonctions quotidiennes ?

Le doctorat m’a apporté de nombreuses compétences, mais je n’ai pas su les identifier tout de suite après ma thèse. Notre parcours de doctorat nous permet de développer de nombreuses compétences valorisables en entreprise. Le problème, c’est que nous ne savons pas comment nous mettre en valeur. C’est pour ça qu’il est important à la fin d’une thèse de réaliser un bilan de compétences et d’apprendre à les présenter aux entreprises. Aujourd’hui, je gère mes clients de façon autonome, grâce à ces compétences acquises lors de ma thèse. Je fais également de la veille sur leurs sujets afin d’être force de proposition sur les aspects scientifiques et techniques. Ayant une connaissance du monde universitaire et de la recherche, je suis aussi à même de les mettre en lien avec des laboratoires universitaires, par exemple. En fait, être Consultant est un mélange entre l’aspect scientifique, technique et organisationnel.

Es-tu une personne pour qui la démarche réseau est naturelle ?

Pas du tout, la démarche réseau n’était absolument pas naturelle pour moi. J’étais quelqu’un d’assez timide et, pendant toute ma thèse, j’étais plus focus sur mon travail que les rapports sociaux. A vrai dire, je ne voyais même pas l’intérêt d’interagir avec l’environnement extérieur. Cela a même continué au début de mon premier emploi, je restais toujours concentrée sur mes tâches et je n’accordais que peu de temps aux relations humaines.

Lorsque je suis passée de Rédactrice Scientifique à Consultante, j’ai bien dû m’efforcer de changer cela. Maintenant je connais l’importance de prendre le temps de discuter avec les clients, cela aide aussi à mieux les conseiller. Aujourd’hui, j’ai même gardé contact avec des clients de mon ancienne entreprise et je reçois quelques messages à Noël, ça fait toujours plaisir !

Au-delà du réseau de clients propres à F.initiatives, je suis aussi très active dans le milieu associatif pour renouer avec le domaine écologique à la Réunion. Je fais partie d’une association qui monte des projets de recherche en écologie et qui fait également de la sensibilisation à l’environnement et de la diffusion de connaissances. Grâce à cela, j’ai agrandi mon réseau professionnel et personnel avec de nombreux profils différents. Quoi qu’il en soit, j’ai remarqué que la démarche réseau était beaucoup plus facile dans le privé que dans le monde de la recherche académique  qui est un peu plus cloisonné (même si ça l’est de moins en moins aujourd’hui).

As-tu des conseils pour les futurs Docteurs ?

Ne vous fermez pas de portes ! A la sortie de thèse, il est très fréquent pour un Jeune Docteur de se focaliser uniquement sur son sujet de recherche et son domaine d’études, alors que vous êtes multi-tâches.

Lors d’échange avec mes clients, nombreux m’ont avoué avoir déjà hésité à embaucher un Docteur, même si celui-ci présentait toutes les compétences pour le poste. Pourquoi ? Et bien parce qu’ils avaient un CV de plusieurs pages sur des compétences techniques et la liste de leurs publications, avec un vocabulaire spécifique à leur thèse. Les entreprises ne comprenaient donc pas forcément tout ce qui y était indiqué, notamment parce que cela ne correspondait pas aux codes du monde privé.

De plus, lors d’entretiens certains avaient tendance à parler uniquement du sujet de leur thèse, alors qu’ils possédaient de nombreuses compétences transverses. Je pense que c’est pour cela qu’il est important pour des Jeunes Docteurs de faire un bilan de compétences à la fin de leur thèse. Identifier leur savoir-être et leur savoir-faire leur ouvrira de nombreuses portes.

Le syndrome de l’imposteur

Ce bilan de compétences peut également aider dans le cas du syndrome de l’imposteur, qui concerne beaucoup de docteurs. Je l’ai moi-même ressenti à la fin de ma thèse : il s’agit d’une impression de ne pas se sentir légitime d’être à un poste particulier ou même à postuler à ce poste, avec la certitude de ne pas avoir les compétences pour y arriver. Le bilan de compétences permet aussi de se rassurer et d’avoir confiance en ses capacités.

Enfin, selon moi un Docteur peut tout faire. De part son expérience, il a la curiosité, l’autonomie et la motivation nécessaire de gérer tous types de projets, avec une forte capacité à gérer toutes sortes de situations. . N’ayez pas peur de la prise de risque car elle ne peut être que bénéfique. Tournez-vous vers les domaines qui vous plaisent, peu importe votre sujet de thèse. Au final, le plus important c’est ce que vous allez pouvoir apporter au projet ou à l’entreprise en tant que personne, plus que par votre diplôme !

Cet article vous a plu ? N’hésitez pas à suivre les pages Linkedin et à vous inscrire à la newsletter !