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L'Europe mise sur l'hydrogène (H2) et la décarbonation : quel avenir ?

 

Le 8 décembre 2023, la Commission européenne s’est félicitée de l’accord provisoire sur la mise à jour des règles de l’Union européenne pour décarboner le marché du gaz et créer un nouveau marché de l’hydrogène.

 

Nouvelles règles relatives à l'hydrogène

Ces nouvelles règles, détaillées ci-dessous, faciliteront l’adoption de gaz renouvelables et à faible teneur en carbone, tout en garantissant la sécurité de l’approvisionnement et l’accessibilité financière.

Première vente aux enchères de la Banque européenne de l'hydrogène

La Commission européenne a lancé la première vente aux enchères de la Banque européenne de l’hydrogène en novembre dernier, avec une subvention de 800 millions.

Marché européen du gaz propre

L’accord renforce également la planification à long terme de l’infrastructure nécessaire à un secteur gazier décarboné sur le continent. Ainsi, il est prévu que les plans de développement nationaux soient basés sur des scénarios communs pour l’électricité, le gaz et l’hydrogène.

Cette planification devrait être alignée sur les plans nationaux en matière d’énergie, d’environnement et de climat, ainsi que sur un plan décennal de développement du réseau au niveau européen.

Opérateurs indépendants

Les opérateurs de réseaux de gaz et d’hydrogène doivent fournir des informations sur les infrastructures qui peuvent être mises hors service ou modernisées. Ils doivent aussi proposer des plans de développement spécifiques pour les réseaux d’hydrogène afin de garantir une construction réaliste des systèmes d’hydrogène. En outre, la connexion et l’accès au réseau gazier existant seront facilités, ce qui permettra de bénéficier de réductions sur les tarifs transfrontaliers et d’injection pour ces gaz.

Aussi, un système de certification pour les gaz d’hydrogène est mis en place afin de garantir des conditions de concurrence équitables et une cohérence dans l’évaluation de l’empreinte totale des émissions de gaz.

À cette fin, l’accord crée une nouvelle entité européenne pour les opérateurs de réseaux d’hydrogène: ENNOH (European Network of Network Operators for Hydrogen). Elle sera indépendante du réseau européen de transport de gaz et du réseau européen de transport d’électricité, mais les synergies et la coopération entre les trois secteurs seront exploitées.

Indépendance énergétique

L’accord comprend également des dispositions permettant aux États membres d’adopter des restrictions sur l’approvisionnement en gaz naturel, dans le but de protéger les intérêts de l’Union européenne en matière de sécurité.

Il est également prévu qu’en ce qui concerne les tarifs de réseau sur le marché de l’hydrogène, chaque autorité de régulation nationale devra consulter les autorités de régulation des pays voisins sur le projet de méthodologie tarifaire et le soumettre à l’Agence de coopération des régulateurs de l’énergie. De cette manière, chaque autorité de régulation conservera le droit de fixer son propre tarif.

Fit for 55

D’autre part, concernant le paquet législatif Fit for 55, le Conseil et le Parlement européen sont également parvenus à un accord sur la proposition de révision de la directive sur la performance énergétique des bâtiments.

L’un des objectifs est que d’ici 2030, tous les nouveaux bâtiments soient à zéro émission et que d’ici 2050, le parc immobilier existant soit transformé en bâtiments à zéro émission afin de se rapprocher de la neutralité carbone.

Mesures Fit for 55

Parmi les mesures, il a été convenu :

  • D’assurer le déploiement d’installations solaires adéquates dans les nouveaux bâtiments, les bâtiments publics et les bâtiments non résidentiels existants faisant l’objet de travaux de rénovation nécessitant un permis.
  • En termes de réglementation, d’ici 2030, les normes minimales d’efficacité énergétique pour les bâtiments non résidentiels seront supérieures à 16 % de la pire performance et d’ici 2033, supérieures à 26 %.
  • D’ici 2040, l’objectif est d’éliminer progressivement les chaudières à combustible fossile. 

L'hydrogène vert : à quoi ca sert ?

L’hydrogène vert (H2V), qui diffère de l’hydrogène (H2) classique, est utilisé dans plusieurs domaines pour remplacer les énergies fossiles et réduire l’empreinte carbone. Les différents pays du monde entier mettent en œuvre des stratégies de déploiement de l’hydrogène vert, qui joue un rôle clé pour décarboner l’industrie.

La production d'hydrogène vert

L’hydrogène vert est fabriqué par électrolyse de l’eau, processus qui consiste à séparer l’eau (H2O) en oxygène (O) et en hydrogène (H2) à l’aide d’un courant électrique. Notamment à partir d’électricité provenant uniquement d’énergie renouvelable, ce qui en fait une source d’énergie propre et durable.

L'utilisation de l'hydrogène vert

Voici quelques exemples d’utilisations de l’hydrogène vert :

  1. Produire de l’urée, un engrais azoté massivement utilisé dans l’agriculture
  2. Remplacer des énergies fossiles en tant que carburant ou source d’énergie, notamment dans la sidérurgie et l’aviation
  3. Stocker de l’énergie pour soutenir la production d’électricité à partir de panneaux solaires ou de parcs éoliens 
  4. Générer de l’électricité à partir de piles à combustible ou de centrales à hydrogène

En résumé, l’hydrogène vert est utilisé comme alternative propre et durable aux énergies fossiles dans divers secteurs tels que l’agriculture, la sidérurgie, l’aviation et la production d’électricité à partir de sources renouvelables.

Les préoccupations liées à l'hydrogène vert

Malgré sa capacité à réduire l’empreinte carbone, l’hydrogène vert suscite certaines réserves. 

Tout d’abord, son coût de production demeure élevé par rapport à d’autres sources d’énergie, principalement en raison de la faible maturité technologique de sa production. Ainsi, des investissements dans de nouveaux projets de R&D sont nécessaires pour surmonter cet obstacle.

Ensuite, bien que la production d’hydrogène vert ne nécessite “que” de l’eau et de l’électricité, pour qu’elle soit considérée comme durable, l’électricité utilisée doit également être durable. En effet, si l’électricité utilisée provient de centrales à charbon, il en résultera d’importantes émissions de CO2 et de polluants.

Enfin, la production d’hydrogène vert nécessite une quantité importante d’énergie, notamment pour la séparation des éléments (l’oxygène de l’hydrogène par exemple) et le processus de liquéfaction ou compression. Ce dernier, étant donné la faible densité de l’hydrogène, peut parfois avoir recours à une quantité importante d’énergie qui peut ne pas être aussi propre.

Focus sur la filière hydrogène en France

La filière hydrogène en France est un secteur d’avenir dans lequel l’État français investit massivement pour la décarbonation et la réindustrialisation du pays. En effet, la France veut être l’un des leaders mondiaux de la production d’hydrogène bas carbone d’ici 2030, avec un investissement total de 9 milliards d’euros.

Le pays a adopté une stratégie nationale à long terme pour exploiter pleinement le potentiel de la filière hydrogène afin de décarboner et réindustrialiser le pays.

Plan de déploiement de l'hydrogène pour la transition énergétique

Le Plan de déploiement de l’hydrogène pour la transition énergétique est une initiative du gouvernement français visant à promouvoir l’utilisation de l’hydrogène comme source d’énergie alternative dans le cadre de la transition énergétique.

Ce plan de déploiement de l’hydrogène vise à créer une filière industrielle décarbonée et à développer de nouvelles applications de l’hydrogène dans divers secteurs tels que les transports, l’industrie et l’énergie.

Appels à projets en faveur de la production d'hydrogène bas carbone

La France a également décidé d’investir 4 milliards d’euros pour soutenir la production d’hydrogène bas carbone dans le pays. Cette mesure s’inscrit dans la stratégie de développement de l’hydrogène considéré comme une source d’énergie “verte” mais coûteuse. 

Les lauréats des appels à projet seront évalués en fonction de critères de prix et de critères hors prix, avec une aide financière prévue pour les producteurs dont les coûts de production sont supérieurs à ceux de l’hydrogène “classique”. Des bonus sont également prévus pour récompenser les projets qui s’engagent à s’effacer en cas de forte demande sur les réseaux d’électricité, et pour les projets dont la production provient au moins pour moitié de nouveaux parcs renouvelables.